Une maison dans la lande
isolée entre les rochers
avec vue sur la mer.
La maison est délaissée depuis plusieurs années.
Elle a néanmoins une certaine beauté rude et étrange.
Un homme et une femme arrivent dans la cour,
apparemment devant le coin droit de la maison.
Il a la cinquantaine, légèrement corpulent,
le regard fuyant. Il bouge avec lenteur.
Elle est âgée d’une trentaine d’années,
de grands yeux et des gestes un peu enfantins.
L’homme et la femme se tiennent par la main,
longent la maison, ne cessent de la regarder.
Si les personnages de Jon Fosse
semblent toujours pris d’un terrible mal-être,
c ’est que leur mélancolie est récurrente.
En exil, leur apparente inertie crée une langue hachée,
proche du métalangage. Leur désir est au-delà
mais oublié.
Les forces de la nature
sont convoquées dans leur splendeur tragique.
La disfraction de la lumière
souligne le pourtour des corps,
ajoutant à leur déréliction.
De cette intemporalité naît une voix muette,
une voix silencieuse, semblable à la page blanche,
à la plaque photographique vierge,
où le possible prend le goût de l’indicible.
Quelqu’un va venir.
Michel Tallaron – octobre 2008